Qui est Banksy ?
Comment son ancien agent a documenté le plus grand mystère de l’art, mais qui est Banksy ?
Sky News s’entretient avec Steve Lazarides, ancien agent et photographe de Banksy, qui sort un livre sur leurs années passées ensemble.
Traduction de l’article Sky News by Valentine
Est ce Banksy ?
L’ancien agent Steve Lazarides partage sa collection de photos. : Steve Lazarides
L’artiste de street art Banksy et Lazzarides
À l’époque où Banksy était capable de peindre sur les murs de la ville en plein jour, il y avait apparemment un certain nombre d’arnaques qui pouvaient être déployées pour échapper à la détection.
« C’est incroyable ce qu’on peut faire avec un gilet jaune et des cônes « , dit Steve Lazarides, l’homme chargé de garder secrète l’identité de l’inconnu le plus célèbre du monde.
« Manifestement, il ne pourrait pas le faire maintenant. Mais je ne l’ai jamais vu peindre la nuit. Jamais. »
L’ancien agent de Banksy, Steve Lazarides. Pic : Lars Fassinger
Lazarides a travaillé avec Banksy pendant plus d’une décennie. Pic : Lars Fassinger
L’un de leurs tours concernait un faux film et un téléphone.
« J’avais le téléphone. Et Banksy aurait un bout de papier, prétendument de ma part en tant que producteur, lui disant où aller peindre et qu’il avait la permission d’y peindre pour ce film fictif. Si je recevais un coup de fil, je demanderais de quel côté de la rue ils devaient peindre. Et puis je disais : » Attendez, c’est du côté nord ? F******* de peintre, ils sont censés être du côté sud. Je suis vraiment désolée. Je vais leur demander de venir le peindre tout de suite.
« Nous nous en sommes sortis plusieurs fois. Et le truc, c’est d’avoir un gilet jaune ou une veste de chantier au milieu de la journée…. J’ai vu des policiers, j’ai vu tout le monde, passer devant si les gens portent une veste de chantier et ont des cônes dehors. Eh ben c’est bon! »
Lazarides a travaillé avec Banksy pendant 11 ans, de 1997 à début 2009, d’abord en photographiant l’artiste au travail, puis en devenant son agent et bras droit.
C’est la seule personne, dit-il, qui a des photos de l’artiste en action.
Cela semble difficile à croire étant donné que les gens ont essayé de résoudre le mystère pendant des années, et que maintenant le travail de Banky peut se vendre pour des millions d’Euros, mais Lazarides dit qu’il s’est seulement rendu compte récemment que ses archives – une collection de négatifs documentant apparemment des années et des années d’histoire de l’art qui dormaient dans son loft – pourraient être d’intéressant pour les autres.
Plus de 12 000 photos de Banksy
Il a maintenant passé au crible environ 12 000 photographies pour créer un livre, Banksy Captured ; un regard en coulisses sur les moments qui ont lancé l’artiste anonyme sur le chemin de la gloire mondiale, ainsi que les anecdotes de Lazarides sur leurs nombreuses escapades. Bien sûr, les portraits supposés de Banksy sont pris de dos, ou le visage couvert, mais ils donnent tout de même un aperçu intime de la plus grande énigme du monde de l’art.
Au fil des ans, des experts en art, des universitaires, des journalistes et des fans se sont laissés emporter par les théories qu’ils ont élaborées : Banksy est une équipe d’artistes. Banksy est une femme, malgré le fait que les gens potentiellement au courant parlent d’un « il ». Banksy est l’artiste de Bristol Robin Gunningham. Banksy est le fondateur de Massive Attack Robert « 3D » Del Naja.
Lazarides dit qu’il ne dira jamais – « Je serais vraiment un méchant, pas seulement un méchant pantomime » – et se réfère à l’artiste comme un « il » tout au long.
Malgré le fait qu’ils se soient séparés il y a dix ans, Banksy n’a pas à s’inquiéter, dit-il.
« Il a toujours confiance et je ne vais pas montrer son visage. Il n’y a aucun intérêt à cela. S’il veut se révéler alors c’est à lui de décider. »
» Si je lui ai révélé son visage, c’est comme dire à un enfant de cinq ans que le Père Noël n’existe pas. Pourquoi je ferais ça ? Et je pense que le grand public a construit un héros populaire, et je ne vais pas leur enlever ça. »
Vandalisme au « chequebook » par Banksy. Pic : Steve Lazarides
Vandalisme au « chequebook », par Banksy. Pic : Steve Lazarides
Lazarides décrit son temps avec l’artiste comme « comme étant dans f*******g Goodfellas ».
« Il y a une phrase dans Goodfellas que j’aime qui dit qu’ils vivent comme des rois, mais qu’ils n’avaient aucune responsabilité, » dit-il. « Et c’est à ça que ressemblait cette fois. C’était l’anarchie pure.
« Il montait et repartait, d’accord. J’ai ce plan. Nous allons le faire. Nous y revoilà… »
Lazarides me fait parcourir les pages du livre sur son écran d’ordinateur dans son bureau au centre de Londres. « C’est drôle, dit-il en montrant du doigt une photo montrant plusieurs images de Banksy sur un mur. « C’est probablement un mur de 20 millions d’Euros. C’est de la folie. »
L’origine de girl with balloon
Une photo qui me semble familière apparaît.
C’est l’originale Girl With Balloon ? Oeuvre de Banksy, Pic de Steve Lazarides
« Il y a des choses que personne n’a jamais vues », dit-il. « Je suppose que c’est l’originale Girl With Balloon. Ce n’est que récemment que j’y ai réfléchi. C’est une poupée gonflable remplie d’hélium et il a scotché les jambes. Il a fait ça au Tate. »
Et un portrait. « C’est le premier portrait que j’ai fait de lui. Je m’en souviens parce que nous sommes allés sur pisser et je suis revenu le lendemain et quelqu’un avait piqué ma voiture. Certes, c’était une Ford Escort Mk2, d’une valeur d’une centaine de livres. »
Boring de Banksy : Steve Lazarides
Également originaire de Bristol, ville natale réputée de Banksy, Lazarides a rencontré l’artiste au milieu des années 90, alors qu’il travaillait comme photographe et éditeur photo pour le magazine culturel Sleaze Nation. Le rédacteur en chef Steve Beale » a eu vent d’un type appelé Banksy, alors nous sommes descendus et j’ai réussi à négocier une rencontre avec lui, je l’ai photographié. C’est parti de là. J’ai été son documentaliste pendant les deux premières années, puis je l’ai en quelque sorte géré, vendu ses tableaux – et le reste, c’est de l’histoire ».
Il s’intéressait au graffiti depuis son adolescence – « c’était de l’art pour nous, de l’art pour les enfants qui ne comprenaient pas l’art, qui n’allaient pas aux musées, qui n’allaient pas dans les écoles privées » – donc il était un fan du travail de Banksy et de la philosophie dès le début.
L’anonymat, dit-il, n’a jamais été un coup monté.
« Les gens pensent que c’était pour se rendre plus intéressant, ou un stratagème marketing, mais ce n’était pas le cas. C’était de l’instinct de survie plutôt que de l’autopromotion. Vous savez, Bristol avait une politique assez dure envers les graffitis.
« Ce n’est qu’au cours des cinq ou six dernières années que les graffitis sont devenus presque impossibles à faire arrêter. Tu sais, avant ça, ces types risquaient vraiment leur liberté. Donc son anonymat est né de ça. »
Le monde de l’art détestait Banksy à l’époque, dit-il.
Ils nous détestaient absolument parce qu’ils venaient nous voir et nous disaient : » Vous ne pouvez pas faire ça « . C’est drôle, parce qu’on vient de le faire. » Vous ne pouvez pas faire payer ce montant pour des toiles. Eh bien, nous l’avons fait et nous continuons.
« Je n’avais jamais étudié l’art, et encore moins su ce qui se passait, ni fait d’histoire de l’art, ni travaillé dans une galerie ou un musée. Nous avons simplement mis une sorte de règle de logique dans notre façon de structurer les choses, jusqu’à ce que d’énormes clients viennent nous voir. Damien Hirst, j’ai raccroché le téléphone cinq fois de suite parce que je pensais que c’était un coup de fil bidon.
« Le monde de l’art nous détestait. C’est comme si nous recevions des clients dont ils ne pouvaient que rêver… Et on les obtenait en étant nous-mêmes, c’est comme, tu sais, être défoncé, ivre, en train de pisser, en train de pisser. »
Pochoirs à travers le pays, pulvérisation de peinture sur les vaches – « nous avons passé des moments inoubliables », dit Lazarides.
« Il n’y avait pas de règles, il n’en avait rien à f***. Nous nous moquions de ce que les gens pensaient de nous, et pas d’une manière arrogante. C’était comme si, on se moquait de ce que vous pensez, ou des règles que vous avez construites.
« Historiquement, les graffitis ont toujours été l’endroit où les dépossédés et les personnes privées de leurs droits vont pour faire passer un message et cela remonte aux esclaves du Colisée. Banksy avait un message politique qu’il essayait de faire passer.
Internet
« L’une des raisons pour lesquelles tout le monde est devenu si célèbre et si puissant, c’est Internet. Soudain, tout a changé. Les règles étaient différentes. Dis-moi une galerie au monde qui peut avoir un million de visites en 10 minutes. C’est pas possible. Il n’y a pas de musée, pas de galerie, il n’y a rien.
« Soudain, ils n’avaient plus besoin de galeries, plus besoin de musées. C’était le musée, le public était le public. »
Les images montreraient Banksy dans ses premières années. Img : Steve Lazarides
À l’époque, Lazarides dit qu’il ignorait qu’il documentait l’histoire.
« Ça n’a jamais vraiment frappé », dit-il. « Je pense que ce n’est qu’avec le recul que je peux le constater. Même après notre séparation, je ne l’ai pas vu. Dès le début, j’ai su que son travail était incroyable et c’est pourquoi j’ai travaillé avec lui.
« Il a vraiment résonné avec le temps et c’était intéressant – et tant d’art est f******** ennuyeux. La raison pour laquelle les gens l’ont aimé est parce qu’ils pouvaient l’obtenir. Il n’a pas rendu les gens stupides. Il a résonné avec gens.
« Il n’y a pas que le monde de l’art qui aime son travail. C’est le grand public, vous savez. Le grand public est amateur d’art, c’est juste que les musées et les galeries semblent penser que c’est une mauvaise chose. Tu sais, le populisme est une mauvaise chose. C’est comme si non, f*** toi. Par exemple, parfois les choses sont populaires parce que les gens aiment ça, pas parce que c’est grossier ou parce que c’est attrayant pour le plus petit dénominateur commun. C’est juste que ça résonne dans le public du monde entier. »
Lazarides dit qu’il n’y avait pas d’animosité quand ils se sont séparés. Il a dû faire une pause; la gestion de Banksy à mesure que sa renommée grandissait devenait «consommatrice».
Les années après Banksy
Ils ne parlent plus, mais pas à cause des retombées, dit-il. « Il a toujours été comme ça. Il est totalement, seul sur son chemin, ce qui est bien. Nous avons travaillé intensément pendant des années, main dans la main. Est-ce que je voudrais le récupérer ? » Il rit. « Non. C’est un jeu pour les jeunes. Je suis trop fatigué maintenant. Mais j’ai passé le meilleur moment de ma vie avec lui, et sans lui rien de tout cela ne serait possible. »
Lazarides a dirigé sa propre galerie et lancé la carrière de nombreux artistes dont Invader, JR, Vhils et The Miaz Brothers. Il a vendu des œuvres d’art à des stars de la liste A et les a photographiées – c’est vrai, dit-il, quand je vois une photo de Dave Grohl sur le mur, il est vraiment « le plus gentil des gars ».
Malgré son succès, il a accepté il y a longtemps qu’il serait toujours lié à Banksy.
« Ça ne me dérange pas vraiment…. J’ai essayé pendant un moment mais c’est inutile. Je suis sûr que ça ne me gêne pas. C’était une époque sauvage, sauvage. »
L’artiste anonyme a gardé son identité secrète pendant des années.
Il se dit fier d’être lié à l’artiste le plus célèbre du monde, « pas seulement à notre époque, mais à toutes les époques ».
« C’est difficile d’établir la mesure, n’est-ce pas, pour qui gagne dans le monde de l’art. La version du monde de l’art qui gagne est celui qui vend ses tableaux pour le plus d’argent. Je pense que ma version est que celui qui gagne est l’artiste qui est le plus reconnu et qui a son travail dans le plus grand nombre d’endroits.
« C’est Banksy à un kilomètre de la campagne. Tu sais, il y a des chauffeurs de taxi à Karachi qui savent qui il est. Il y a des aimants de frigo, des affiches, des autocollants.
« C’est probablement l’artiste le plus célèbre de tous les temps. »
Girl With Balloon
Au cours des 12 derniers mois, Banksy n’a jamais été loin des gros titres. En octobre 2018, sa peinture Girl With Balloon – sans doute son œuvre la plus célèbre – s’est partiellement déchiquetée quelques instants après avoir été vendue pour plus d’un million de livres aux enchères chez Sotheby’s.
Lazarides pensait que c’était « probablement l’un des plus belles performances d’art que j’aie jamais vus – et certainement la chose la plus intéressante qui soit jamais arrivée dans une salle des ventes ».
Les employés de Sotheby’s posent avec ‘Love is in the Bin’s ; de Banksy
A Port Talbot …
En décembre, sur le mur d’un garage de Port Talbot, dans le sud du Pays de Galles, est apparue une peinture murale à deux faces représentant un enfant jouant apparemment dans la neige. Sur le deuxième mur, il a été révélé que la neige tombait en fait des cendres – ce que l’on croyait être un commentaire sur la pollution provenant des aciéries de la ville industrielle.
Après que d’énormes foules aient afflué pour le voir, la star hollywoodienne Michael Sheen, qui a grandi à proximité, a contribué aux frais de sécurité, mais il n’a pas fallu longtemps avant que le mur soit découpé et que l’œuvre d’art soit transportée dans une galerie.
« Cela a été fait à maintes reprises « , dit Lazarides. « On entend des gens dire qu’ils le préservent, et c’est comme si, non, on le prenait pour le vendre et en faire des centaines de milliers d’Euros. Alors arrêtez de taquiner tout le monde! »
Inutile de dire qu’il s’oppose avec véhémence au retrait des arts de la rue.
« Premièrement, ils n’ont jamais peint avec l’idée que quelqu’un l’accroche au mur et la regarde à plein temps. Mais plus que cela, c’est un cadeau pour la ville et si on l’enlève, cela fait de la ville un endroit plus pauvre.
« Beaucoup d’entre eux arrêtent de peindre dans la rue parce que ça sert à quoi ? Vous savez, si vous peignez quelque chose et que ça dure moins de 30 minutes avant que quelqu’un vienne l’arracher du mur, alors pourquoi continuer à peindre dans la rue ? Ça ne sert à rien. Alors, ouais. Enlever cela du mur et priver le grand public de son image de ces artistes pour le bénéfice d’une seule personne, je pense que c’est une erreur. »
Quelqu’un d’aussi grand que Banksy est sûrement au courant de ce qui risque d’arriver à son travail ? « Je suppose qu’il vit dans l’espoir qu’il y restera le plus longtemps possible. »
Vente aux enchères
Les derniers titres ont été mis en vente il y a quelques semaines à peine au Parlement décentralisé, un tableau de 2009 montrant des députés représentés comme des chimpanzés à la Chambre des communes.
Photo du dossier datée du 27/09/19 d’assistants de la galerie Sotheby’s s’occupant de la peinture de Banksy’s Devolved Parliament. La pièce, une représentation dérisoire de la Chambre des communes, a été vendue aux enchères pour 9 879 500 livres sterling. Le prix a largement dépassé le précédent record pour l’artiste, soit 1,8 million de dollars.
Le Parlement décentralisé a été mis aux enchères pour près de 10 millions de livres plus tôt cette année.
De nouveau vendu chez Sotheby’s, après 13 minutes d’enchères, le marteau s’est déprécié au prix de 8,5 M£ – 9,8 M£ avec des frais en sus.
« Prix record pour un tableau de Banksy mis aux enchères ce soir », a posté l’artiste sur sa page Instagram. « Dommage que je ne le possédais pas encore. »
Le livre :
Banksy est au courant pour le livre, il est d’accord, dit Lazarides. La nouvelle est sortie jeudi, mais l’artiste n’a pas encore commenté.
« J’ai un amour profond pour son travail. Je pense que c’est un génie. »
Le livre sera le premier d’une série de deux, simplement parce qu’il y avait trop de choses à faire dans l’un d’eux, dit-il. Et il aurait pu y en avoir un troisième – Lazarides dit qu’il a perdu beaucoup de ses photos numériques des dernières années où ils ont travaillé ensemble.
« J’ai fait une recherche médico-légale d’ordinateurs, de disques durs, de tout. Je ne l’ai pas trouvé. Ça m’a rendu fou, mais je dois accepter de ne pas les avoir. »
De combien parle-t-il ?
« Beaucoup. » Il rit. « Probablement quatre ou cinq ans d’absence. Mais encore une fois… Je ne peux pas… Je dois juste l’oublier. Pour être juste, il est devenu de moins en moins prolifique au cours de cette période… il aurait dû penser beaucoup plus aux choses qu’il faisait. »
Le livre documente donc la période de 1997 à 2004 environ. Lazarides vend également certaines de ces images, ainsi que d’autres photographies de sa collection, sous forme de tirages à tirage limité.
« Il ne s’agit pas seulement – et ce n’est pas moi qui sonne de la trompette – mais il ne s’agit pas seulement de l’œuvre d’art elle-même « , dit-il. « C’est à propos de l’artwork qu’il a mis en place. Il s’agissait d’essayer de trouver des choses que je pensais intéressantes. C’est une vue différente. »
C’est tout ce que le monde verra de plus proche de Banksy ? Qui sait. Peut-être qu’un jour, il se dévoilera ?
Lazarides rient. « Je ne pense pas que quelqu’un le croirait. »
Article original : https://news.sky.com/story/banksy-the-most-revealing-photo-yet-how-his-former-agent-documented-arts-biggest-mystery-11849365
